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Le pou rouge est transporté entre élevages par les camions soit au début soit à la fin de la bande, pas en cours de bande. Au début d'une bande de pondeuses, les acariens peuvent arriver avec les caisses de transport en provenance de l'élevage de poulettes s'il est infesté ; à la fin d'une bande, les acariens peuvent arriver avec les caisses de transport fournies par les abattoirs. Elles sont introduites dans l'exploitation après avoir transité dans d'autres élevages et jouent le rôle de vecteurs même lorsqu'elles ne contiennent pas de poule.
Transport involontaire de poux rouges par les caisses de transport et les camions.
Les oiseaux sauvages sont innocents : leurs nids hébergent des populations de pou rouge génétiquement différentes et il n'y a pas d'échanges de poux rouges entre oiseaux sauvages et domestiques, même si des oiseaux infestés nichent très près du poulailler.
Les événements de contamination sont-ils fréquents ?
Paradoxalement, bien qu'une infestation puisse résulter de l'introduction d'un tout petit nombre d'acariens, les événements de contamination efficace (suivis de l'installation d'une population de poux rouges et aboutissant à une infestation) semblent rares. Mais une fois l'acarien installé dans le bâtiment, il est très difficile de s'en débarrasser. Les pullulations de poux rouges en cours de bande résultent de la reproduction des poux rouges présents dans le bâtiment au début de la bande et non de contaminations externes. Le vide sanitaire ne permet pas d'éliminer la population de poux rouges : même si le nettoyage élimine beaucoup d'acariens, il en reste bien assez en fin de vide sanitaire pour permettre leur prolifération durant la bande suivante, même s'ils passent très souvent inaperçus pendant plusieurs mois.
Des équipes de recherche ont conduit des analyses de génétique des populations (voir Roy et al. 2021). Ces analyses s'appuient sur le génotypage de nombreux acariens prélevés dans les fermes (voir plus bas). Le principe repose sur les connaissances suivantes : Le pou rouge se reproduit de manière sexuée si bien que chaque acarien a un père et une mère. Comme chez les autres espèces à reproduction sexuée, le patrimoine génétique (ou génome) de chaque individu est une combinaison unique de séquences d'ADN transmises par ses deux parents avec brassage : chaque individu partage bien sûr de nombreuses portions d'ADN avec les autres individus, mais il présente aussi des versions différentes à certains endroits du génome1. Le nombre de versions différentes dépend notamment du degré d'apparentement. On sait aussi que le hasard de la rencontre des sexes et du brassage génétique induit des variations de génération en génération dans la fréquence des différentes versions au sein de la population (c'est la dérive génétique). La fréquence des différentes versions ne varie pas de la même manière entre populations isolées (entre lesquelles il n'y a pas de croisement).
Génotyper2 individuellement des acariens prélevés dans différents élevages de volailles ainsi que dans des nids d'oiseaux sauvages et analyser les données à l'échelle des populations permet de comparer les proportions d'apparentement au sein de et entre les populations. Nous identifions ainsi les voies de contamination des élevages en nous basant sur les hypothèses suivantes : Les acariens de deux populations connectées ont presque autant de chances de se reproduire entre eux qu'à l'intérieur de l'une d'entre elles. En revanche, les acariens de populations moins connectées ont plus de chances de se reproduire avec des acariens de leur propre population. Cette simple réduction du flux génétique entraîne une différenciation des populations d'acariens d'une génération à l'autre, ce qui a un impact significatif sur la gestion des épidémies.
1: Plus précisément, le pou rouge est haplodiploïde comme les abeilles : les œufs non fécondés donnent naissance aux mâles et les œufs fécondés aux femelles. Les mâles étant par nature incapables d'engendrer des petits, la contribution des deux sexes est donc indispensable au développement des populations (il ne semble pas y avoir de reproduction strictement asexuée comme chez d'autres acariens).
2: Génotyper consiste ici à caractériser les séquences d'ADN de plusieurs zones déterminées du génome au sein de l'individu. Les analyses de génétique des populations consistent en gros à comparer la fréquence et l'identité des zones différentes entre individus prélevés au même endroit et entre individus prélevés dans des fermes et/ou nids différents.
Une partie des informations résumées dans cette section est issue de travaux récents de l'équipe de L. Roy, non publiés au moment de l'élaboration du site. Les études disponibles sont les suivantes :